À propos de vous et de votre parcours

Pouvez-vous nous raconter comment est née La Poterie d’Aurélie ?
Mon travail est vraiment très personnel, c’est une part de moi. Il me paraissait donc tout naturel de lui donner mon prénom.
La Poterie d’Aurélie est née en 2021, après un CAP qui m’a permis de m’installer.
Aujourd’hui, mon atelier est installé à Habas, dans les Landes.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler la terre et d’en faire votre métier ?
J’ai cherché pendant plusieurs années une reconversion après mon premier métier, qui était serveuse.
La terre est arrivée comme une des options. Le jour où j’ai suivi mon premier cours de tournage, j’ai senti la sensation de la terre sur mes mains… et je suis tombée immédiatement amoureuse de cette pratique. J’ai su tout de suite que ça deviendrait mon métier.
Avez-vous suivi une formation spécifique ou êtes-vous autodidacte ?
J’ai commencé par six mois de cours en loisirs pour tester et savoir si je voulais vraiment m’engager dans cette voie. Ensuite, j’ai suivi un CAP tournage terre à Tours, à l’école L’Atelier des Arts Céramiques.
Votre univers artistique
Comment décririez-vous votre style ou votre signature artistique en tant que céramiste ?
Je me suis spécialisée dans le grès et dans la finesse : je tourne le grès aussi fin que de la porcelaine, avec l’idée d’atteindre légèreté et délicatesse.
Je réalise moi-même ma palette de couleurs, souvent dans des tons doux et pastels. Beaucoup de mes poteries sont inspirées par la nature et peuvent évoquer des paysages.
Quelles sont vos principales inspirations (nature, voyage, culture…) ?
Mes principales sources d’inspiration sont la nature et les paysages. J’attache également beaucoup d’importance à l’unicité de chaque pièce, car je ne reproduis jamais exactement la même création.
Travaillez-vous certaines techniques particulières (tournage, émaillage, cuisson, raku, etc.) ?
J’utilise principalement le tournage, l’estampage sur moule en plâtre et le modelage, surtout à la plaque.
Pour la cuisson, je travaille avec une cuisson électrique.

Artisanat local et engagement
Que signifie pour vous être artisan local aujourd’hui ?
Pour moi, c’est avant tout être sur les marchés et être en contact direct avec des personnes proches de chez moi. Cette clientèle locale et fidèle, qui revient régulièrement, est un vrai plaisir.
Être artisan, c’est revenir à l’essentiel.
Retrouver le vrai prix de chaque chose et remettre à sa place la valeur du travail.
Êtes-vous engagée dans une démarche écologique ou responsable dans votre pratique (matériaux, énergie, emballages…) ?
Oui, je veille à réduire mon impact autant que possible. Pour l’envoi de mes créations, j’utilise au maximum des emballages recyclés et respectueux de l’environnement, dans une démarche éco-responsable.
Collaborez-vous avec d’autres artisans ou producteurs de la région ?
Oui, j’ai plusieurs collaborations avec d’autres artisans. Je travaille avec Justine, pour qui je réalise des pots de bougies rechargeables dans son entreprise, Douce Lueur. Je collabore également avec Maëva, qui fabrique des savons au lait d’ânesse; je lui ai réalisé des porte-savons afin qu’elle puisse créer des coffrets complets.
Je participe aussi à pas mal de petites collaborations locales ponctuelles.
Vos créations

Quels types d’objets proposez-vous aujourd’hui ? Vaisselle, décoration, pièces sur mesure ?
Ma production principale se compose de vaisselle — assiettes, tasses, bols, etc. — mais j’ai aussi une base de décoration avec des vases et des boîtes, ainsi qu’une petite gamme de bijoux en porcelaine.
Comme je travaille sur les marchés, dans un esprit de proximité, je réalise également beaucoup de pièces sur-mesure à la demande des clients. Nous discutons ensemble de la faisabilité de chaque projet, ce qui me permet aussi de sortir de mon ordinaire et de relever de nouveaux défis créatifs.
Avez-vous une pièce phare ou une création dont vous êtes particulièrement fière ?
C’est difficile pour moi de choisir une pièce en particulier, car je les aime toutes et j’y apporte autant d’intérêt à chacune.
Si je devais en choisir une, ce serait ma collection « Herbiers », dans laquelle j’imprime de nombreuses empreintes de feuilles. J’y trouve une grande beauté, car elle reflète la richesse et la délicatesse de la nature.
Est-il possible de commander en ligne, ou uniquement à l’atelier et lors de marchés ?
Il est possible de commander directement en ligne via mon site, avec des envois en France et en Europe. Il est également possible de venir acheter mes créations en direct à l’atelier ou sur les marchés.
Travaillez-vous sur commande ou à la demande pour des créations personnalisées ?
Oui, je peux réaliser des objets sur-mesure. Je discute avec la personne de la faisabilité du projet et c’est quelque chose que j’aime beaucoup faire.



Le quotidien d’une artisane potière
À quoi ressemble une journée type dans votre atelier ?
Il y a deux journées types pour moi.
La première, c’est quand je peux passer toute la journée à l’atelier : ce sont des journées que j’aime particulièrement, où je peux être productive et pleinement concentrée dans ma bulle créative.
En général, je commence vers 8-9h et je m’arrête vers 19h.
La deuxième journée, c’est celle où je partage mon temps entre le marché et l’atelier. Je passe la matinée au marché, de 6h à 13h, en contact direct avec les clients, en voyant mes pièces partir pour rejoindre de nouvelles maisons.
L’après-midi, je fais une petite pause puis je retourne à l’atelier pour travailler jusqu’à 19h, parfois 20h selon les tâches à accomplir.
Quels sont les défis concrets que vous rencontrez pour vivre de votre métier aujourd’hui en France (rentabilité, visibilité, rythme…) ?
Mon principal défi est de créer suffisamment, car la poterie est un métier de patience : pour sortir une pièce, il faut compter environ 2 à 3 semaines selon les temps de séchage et de cuisson.
Le deuxième défi est de trouver les bons endroits pour vendre; ce n’est pas toujours évident, et il arrive que certaines ventes ne se passent pas comme prévu, ce qui peut être démoralisant, même si je reste toujours optimiste.
Un autre défi important est de déterminer le prix juste de chaque pièce, ce qui n’est jamais simple.
Enfin, un des gros défis est de ne pas s’oublier soi-même par rapport à son métier : la poterie prend énormément de place, de temps et d’énergie. Il est essentiel de garder des moments pour soi, car vivre de son travail demande souvent un investissement énorme.
Et à l’inverse, qu’est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction au quotidien dans ce métier artisanal ?
Sans hésitation, l’ouverture du four : c’est à chaque fois un plaisir immense de découvrir une pièce vraiment finie, de voir sa texture et toutes les petites surprises, car chaque pièce est unique. La deuxième grande satisfaction est de voir quelqu’un avoir un vrai coup de cœur pour une de mes créations, surtout lorsque je suis là pour partager ce moment.
Cette connexion avec la personne qui achète est profondément gratifiante et me touche énormément.
Rencontre et transmission
Organisez-vous des ateliers ou stages pour découvrir la poterie ?
Non, je n’organise pas d’ateliers ni de stages. Je me consacre entièrement à la création, car j’ai encore tellement d’idées et de projets que c’est pour moi la priorité.
Pour conclure
Si vous deviez résumer La Poterie d’Aurélie en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?
Unique
Finesse
Pastel
Quel message aimeriez-vous transmettre à celles et ceux qui découvrent votre univers pour la première fois ?
Je souhaite partager que chaque pièce est unique et qu’elle représente un petit bout de moi, réalisée avec beaucoup d’amour et de soin.
Que diriez-vous pour inspirer les générations futures à découvrir l’artisanat et à créer de leurs mains ?
Quand on a une passion, il faut la suivre, et surtout revenir aux choses essentielles.